La Falaise de Villerville, un joyau naturel à redécouvrir

Formées il y a environ 160 millions d’années, ces falaises argileuses sont un véritable musée à ciel ouvert. Elles bordent la côte littorale sur quatre kilomètres de Trouville-sur-Mer à Villerville. On les appelle "les Roches noires" en raison des gros blocs sombres éparpillés sur la plage, issus des couches calcaires des falaises et recouverts par les algues. Classé en partie en "Espace Naturel Sensible" par le département du Calvados, ce site remarquable constitue également un lieu paléontologique, où l’on peut découvrir des fossiles datant de plusieurs millions d'années, témoignant de la fascinante histoire géologique de la région.

Derrière la beauté naturelle de ces falaises, se cache aussi une histoire d’un défi humain face aux éléments. L'érosion naturelle et les affres du temps ont au fil des années fragilisé la stabilité du site de Villerville, qui s’étend sur 340 mètres de long et 22 mètres de haut. Cette fragilité s’est particulièrement accélérée après un déluge de pluie sans précédent le 1er juin 2003 (3 mois de pluie en 20 minutes), minant un sol en profondeur historiquement sensible aux glissements de terrain. Contrairement à d'autres sites côtiers nationaux où l’érosion est principalement causée par les assauts de la mer, Villerville fait face à un phénomène atypique : la fragilisation et la régression des falaises sont dues à l’eau contenue dans les nappes souterraines à 4 et 9 mètres de profondeurs. En s’infiltrant dans les parois, ces nappes provoquent de l’effritement et de petits glissements de terrain récurrents. Un mal pour un bien, ce coup de massue météorologique de 2003 a néanmoins permis dès 2005-2006 d’ouvrir les premières pages de la préservation de la falaise de Villerville, et surtout celle de ce village sur un promontoire face à la baie de Seine.

Après de multiples concertations, études et dossiers administratifs, scientifiques, experts et techniciens se sont accordés sur les travaux à effectuer pour conforter durablement la falaise et freiner son repli (plus de 50 mètres de recul depuis 1840). Ce chantier titanesque a consisté à clouer en profondeur la falaise : 600 drains pour permettre à l’eau stagnante de s’écouler et 700 clous en acier mesurant jusqu’à 22 m de long ont été utilisés. Sa paroi a également été revêtue d’une carapace en béton fibré de 30 centimètres d’épaisseur, épousant rigoureusement sa géométrie avec ses creux, arrondis, abrupts et escarpements.

Ce projet d’envergure a été l’occasion de répondre à des objectifs complémentaires :

• Élargir la promenade basse pour permettre l’accès aux véhicules de secours et d’entretien,
• Créer un nouveau chemin piéton depuis la place du Douet vers la promenade basse, la plage et le parc naturel des Graves,
• Consolider et rénover l’escalier du Guettoir,
• Remettre à l’air libre le ruisseau du Douet en intégrant sa descente sur la falaise et améliorer la qualité de ses eaux en éradiquant les plantes invasives comme la Renouée du Japon.
• Intégrer des plantations suspendues en paroi de falaise en faveur de la biodiversité, embellissant le paysage mais aussi favorisant la biodiversité : 110 espèces florales et plusieurs espèces animales, dont le lézard des murailles, rare en Normandie, 22 espèces d’oiseaux nicheurs, et 6 espèces de chauve-souris y ont été répertoriés. Un écologue veillera à cet écosystème environnemental.
• Créer une petite place sur la promenade basse.